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Incident.net_Pollution
" Appel
à projets 2009 d'INCIDENT sur le thème de la
POLLUTION.
Date limite d'envoi des oeuvres: 30 septembre 2009.
Merci de bien vouloir nous envoyer par mél
(incident@incident.net):
- Une description de l'oeuvre
- Une courte biographie
- Votre oeuvre (ou son url).
Attention: seules les oeuvres utilisant activement les technologies
(interactivité,
générativité, flux du
réseau, etc.) seront retenues.
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POLLUTION
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Depuis quelques années, la prise en compte
écologique est
parvenue au premier plan des préoccupations humaines. La
pollution, liée à une intense activité
humaine,
qui s'est accélérée ces 50
dernières
années, est à l'origine des bouleversements
environnementaux mettant en péril l'équilibre de
l'écosystème planétaire.
Dans l'univers médiatique contemporain, la notion de
pollution
intervient dès lors qu'un message est
altéré,
transformant ou rendant difficile sa réception. D'un autre
côté, la pollution apparaît aussi dans
la
transformation qu'elle opère sur le message, comme un
élément révélateur d'un
trop grand
polissage du flux hypermédiatique contemporain. Dans la
question
environnementale, la pollution indique un excès, une
saturation,
qui constitue donc un indicateur et une mise en garde à plus
de
"précaution" et de prise en compte des
écosystèmes.
La pollution est un fait nouveau qui apparaît avec la
révolution industrielle. Son appropriation, sa
représentation par les artistes est donc aussi un fait
nouveau.
Si visuellement, on peut en trouver des représentations chez
William Turner (dont les travaux sont de nos jours utilisées
par
des scientifiques pour modéliser les changements
climatiques),
c'est surtout chez les expressionnistes que le motif de la pollution
comme excès apparaît dans toute sa force de
représentation: les toiles urbaines de Georg Grosz, les
violentes déconstructions cubistes, sont autant de signes
d'une
cacophonie urbaine naissante à la fin du 19e
siècle.
Si la pollution renvoie instinctivement à un brouillage
visuel
représenté par le déversement des
fumées
des nouvelles industries lourdes du 19e siècle, c'est aussi
l'apparition d'un nouvel environnement sonore saturé de
bruits
qui rend compte de transformations importante dans l'espace vital de
l'être humain. Hors de toute passivité face
à ce
nouveau fléau, Luigi Russollo s'enthousiasme dans "l'Art des
bruits" de l'apparition de nouvelles formes sonores, de bruits, que ses
contemporains ne tardent pas à s'approprier. Ces nouvelles
formes sont un miroir évident d'une
société plus
nerveuse, souvent urbanisée, où la pollution des
machines
est devenu l'environnement de vie des contemporains.
La pollution enfin est corollaire de notre commerce quotidien avec
l'électricité et le numérique qui
transportent nos
oeuvres de l'esprit en les transformant. Le propre même de
ces
nouvelles technologies de la communication est de transposer les
médias en d'autres signaux, en d'autres codes, modifiant,
déteriorant au passage l'information, donc en quelque sorte
la
polluant.
La pollution n'est pas toujours matérialisable par une
altération visible de notre environnement: d'autres formes
de
pollution émergent, invisibles, et qui ont des effets
induits
dont nous sommes encore peu à même de mesurer les
répercussions: pollutions
électromagnétiques
rendues audibles par Robin Rimbaud dans son projet sonore "Scanner",
saturations cognitives dans le déferlement informationnel du
réseau internet, transformation du regard face aux
déferlement d'images numériques
errodées par leur
transcodage.
Entre destruction visible et révélation d'un
fourmillement invisible de formes microscopiques, le motif de la
pollution innerve l'intégralité de notre rapport
à
notre environnement, plus encore dans notre commerce quotidien avec les
machines dont l'apparente inocuitée cache des
répercussions fortes sur la transformation du genre humain.
Texte de Claude Le Berre.
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