Le
propriétaire d'une société d'informatique décide
de vendre son entreprise. Mais il y a un petit
problème. A l'époque ou il a créé sa société, il
s'est inventé un directeur fictif derrière qui
s'abriter pour prendre les décisions
impopulaires. Comme les acheteurs potentiels
insistent pour conclure le deal avec le
directeur en personne , le propriétaire décide
d'embaucher un acteur au chômage pour jouer le
rôle du directeur. L’acteur va découvrir qu'il
est un pion dans une histoire qui va mettre son
(manque de) sens moral à rude épreuve. |
....
le contrat doit
être signé par… un homme qui n'existe pas ! Le
Grand Patron n'est qu'un écran de fumée, un
personnage fictif, que le gérant de la boîte a
inventé pour faire croire à ses employés que les
décisions venaient d'en haut, d'un dirigeant
anonyme implanté aux Etats-Unis, contrôlant son
business à distance. Astuce pratique en
certaines circonstances, mais en l'occurrence
redoutablement piégeuse. En bonne logique,
l'entrepreneur facétieux va donc engager un
comédien, pour jouer le rôle du mystérieux
"Directeur de tout", que personne n'a jamais vu.
Le cinéaste danois signe en filigrane
une double parodie : du monde cynique et cruel
de l'entreprise, et du caractère intrinsèquement
mensonger du cinéma, où il interroge notamment
le rôle de l'acteur et celui de la mise en
scène. Qui dirige qui ? Quelle peut être la
place laissée à l'improvisation ? Comment
maîtriser des paramètres aléatoires ? En
l'occurrence, se glisser dans la peau d'un
personnage dont on ne sait rien, tout en
paraissant crédible. Le faux Direktor se
revendique d'un certain Gambini, prétendu
théoricien de l'actorat aux préceptes radicaux
et pour le moins singuliers (en réalité, Lars
Von Trier fait référence à Ibsen). Comme
toujours, le réalisateur joint le fond et la
forme et expérimente un nouveau dispositif
filmique : l'Automavision, qui consiste en un
cadrage assisté par ordinateur. Les plans se
règlent automatiquement, ce qui donne, au
montage, cette impression syncopée de
rationalité hasardeuse.
Lars
Von Trier s'adonne à ce nouvel essayisme
avec la clairvoyance qu'on lui connaît, et nous
livre un film apparemment sans pilote,
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Laurence
Berger
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Automavision® est un procédé
cinématographique de prise de vue (et de son)
développé dans l'intention de réduire
l'influence humaine sur l'oeuvre en convoquant
l'arbitraire, pour obtenir une surface dépourvue
d'idéologie,et détachée des habitudes pratiques
et esthétiques. Après une mise en place
artistiquement optimale de la caméra (décidée
par le directeur de la photographie),un
ordinateur programmé spécialement (avec
possibilités de choix réduites) est chargé de
décider quels paramètres changer :
inclinaison,panoramique,
focale,diaphragme,positionnement horizontal et
vertical (pour le son il existe des paramètres
équivalents,modifiés de la même manière après
les mise en place de l'ingénieur du son).
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