Contre-informations - "Un soupçon de
réel 2" Philippe Durand - "Still life armed response" ...Second volet d’un
cycle intitulé " Un soupçon de réel ", cette exposition, dont le commissariat a
été confié à Pascal Beausse, critique d’art, cherche une fois encore à mettre en
doute nos certitudes sur l’image. saved from url=http://www.centre-atlantique-photographie.asso.fr |
L'ordinaire
du réel, non du regard
L'art
du banal, certes, à travers l'exemple éponyme d'un Warhol, c'est de
prime abord l'inverse de l'affirmation d'une subjectivité : ce que Sami
Ali décrit comme une subjectivité sans sujet, paradoxale dans la
mesure où l'œuvre s'élabore grâce à ce qui la nie a priori,
- la neutralité, la littéralité. Aujourd'hui, cependant, cette
attitude paradoxale, pétrie de passivité et de travail en surface, est
interprétée bien souvent comme une impasse. À quoi aboutit-elle, en
effet, sinon au fait que le banal, comme victorieux de lui-même, finit
par se commuer en spectacle incomparable ? La position des artistes des
années 90 est différente. En termes de représentation et d'image,
l'artiste va bien souvent partir du réel lui-même, de l'ordinaire, du
banal tels qu'il les vit au quotidien, sans aller chercher plus loin
qu'en bas de chez lui. S'il parvient à transfigurer ce réel, c'est non
de produire de l'extraordinaire au sens strict - cela renverrait à ce
spectaculaire qui resplendit chez un Warhol ou dans le pop art - mais de
construire son propre monde, dans les termes d'une transmutation, non le
monde banalisé que constitue la réalité en tant que telle. Dans un texte récent intitulé " Sur le fil du rasoir ", publié dans le numéro d'Art Press (avril 1999), Dominique Baqué fait le constat, s'agissant des images produites aujourd'hui, de leur réel désenchantement. Baqué vise en particulier cette génération qui aura ressassé jusqu'à plus soif, souvent de manière autarcique, le thème de l'intimité de l'artiste. Une génération portée par un idéal de défection dans son rapport au social. L'approche très critique de Baqué a le mérite de soulever la question de ce que l'image peut signifier aujourd'hui, en en marquant par rebond les limites. Le point de vue défendu, pour autant, peut paraître par trop pessimiste, surtout une fois rapporté aux actuelles esthétiques de l'ordinaire, des esthétiques fortes d'un authentique pouvoir de transfiguration. Autant que la question de l'ordinaire stricto sensu, c'est le regard que les artistes exercent sur celui-ci qui doit être pris en compte : sa spécificité, son intensité et, par voie de conséquence, son potentiel à représenter, ici indéniable. Christine
Macel
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